📀 2Pac - All Eyez On Me (1996)
Mélangez des sonorités funks, le soleil de la Californie et l'attitude d'un gangster et vous obtenez la G-Funk, un des sous-genre les plus importants de notre cher hip-hop. Et notre sujet du jour, n'a pas besoin d'être présenté, tant sa musique a marquée le domaine.
"All Eyez On Me" est considéré à raison comme son plus grand chef d'œuvre. Le 1er double album du rap US dont l'influence s'est ressentie jusqu'en France. Un sans-faute de 27 titres s'étalant sur 2h12 et un des classiques du mythique Death Row Records.
Et si l'histoire de Death Row est aussi connue, c'est aussi pour ses points sombres. Le label est constitué de membres du gang des Bloods et un homme important est à retenir pour notre histoire : Suge Knight, le manager et producteur exécutif de Death Row à l'époque.
2Pac, sans jamais en faire partie, était jusque là entouré de membres des Crisps, le gang rival. Il est cependant incarcéré en prison pour viol, un acte qu'il a toujours nié, mais qui ne doit pas être passé sous silence, avec une caution d'environ 1,5 millions de $ pour sortir.
Suge Knight, notre cher manager de Death Row, ayant toujours souhaité avoir l'artiste dans son écurie, fait payer sa caution par la maison de disque. 2Pac ne voulait pas spécialement rejoindre le label, mais signe pour 3 albums se sentant redevable et voulant éviter la prison.
Toute l'équipe s'organise alors autour du prochain album de 2Pac. Le label a pour habitude de donner la priorité à un artiste et de décaler ses autres projets. Celui-ci a alors l'accès aux titres et aux productions des autres membres du label pour son album.
Suge Knight force Dr.Dre à donner un certain "California Love" au nouveau membre de l'écurie. Le titre avait originellement 3 couplets de Dre et était prévu pour The Chronic 2. Un geste qui n'a pas du tout plu à ce dernier qui à d'ailleurs quitter Death Row peu après.
Le titre sera accompagné de 2 clips pour 1 million de $. Avec tout le label derrière lui, 2Pac monte sa productivité au max. Il enregistre 3 titres le jour de son arrivée dont "Ambitionz Az A Ridah" où il dit «Can’t trust a bitch in the business so i got with Death Row».
L'artiste travaille à la chaine, mixant les titres dès qu'ils sont enregistrés et établit des règles strictes, comme le fait que les feats devaient poser leur couplet en one shot. On retrouve sur l'album un casting dantesque allant de Snoop Dogg à Danny Boy.
2Pac enchaîne les flows et aborde tout ce qu'il a sur le cœur : une fusillade qui a failli lui coûter la vie dans son ancien studio, son train de vie de gangster ou encore la religion et son importance dans son destin tragique qu'il semble curieusement déjà connaitre.
L'artiste est fidèle à son tatouage M.O.B "Money Over Bitches". Suge l'aimait beaucoup l'interprétant comme "Member Of Bloods" menant à des tensions et des passages à tabac entre affiliés de gangs dans le studio. Il avait déjà ordonné à 2Pac de tabasser des mecs.
Pour continuer sur la partie sombre de l'album, un point délicat revient plusieurs fois : sa condamnation pour viol. Il s'est toujours déclaré innocent et se permet, fraichement sorti de prison, d'en jouer et d'envoyer des pics déplacées à ce sujet.
Quoi qu'il en soit, en seulement 14 jours, le double album était né. Un projet mythique jusque dans sa pochette où l'on voit l'artiste arborer une chaine Death Row et faire le signe West Coast. Sur la tracklist à l'arrière, le nom de Suge Knight est inscrit en immense.
Le producteur mène son business d'une main de fer. On notera que tous les artistes ayant contribués au projet n'ont pas forcément étés payés et crédités ou que lorsque 2Pac a souhaité monter son propre label, Suge a refusé n'ayant pas assez rempli ses caisses.
L'album de plus de 2h se retrouve donc sur pas moins de 4 vinyles ! Des disques qui ne sont d'ailleurs pas simples à trouver et se vendent aux environs de 100€. Pourtant, aux côtés de Doggystyle et The Chronic, ce sont des galettes qui ont marqué une géneration.
Le double album mythique de la G-Funk, devenu disque de diamant en France en 2014, est donc aussi passionnant pour sa musique que pour les anecdotes autour de sa création et d'un label qui continue de faire parler de lui aujourd'hui : Death Row.
Rédacteurs : Victor, Johan
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