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Goldlink - L’importance de l’héritage musical

Le Hip-Hop prend de l’âge, se diversifiant et se réinventant à chaque nouvelle génération. Une expérimentation continue qui voit les frontières avec d’autres genres s’effondrer, le chant prendre une place grandissante chez certains artistes et ses sonorités évoluer.



Issu de la fournée XXL Freshman 2015, Goldlink est un artiste originaire de Washington D.C., se vantant d’être le premier rappeur à “vraiment mélanger les genres”. Si cette déclaration semble fausse et prétentieuse, l’artiste a cependant su se démarquer des autres par son audace musicale. Il est introduit au Go-Go, un sous-genre de la funk originaire de D.C. par ses amis, au Rap par son frère, au RnB par son père et enfin au Gospel par sa mère.


Un héritage musical riche que Goldlink a su retranscrire dans ses créations musicales.


Dès ses 2 premiers projets, The God Complex et And After That, We Didn’t Talk, Goldlink fait ses classes en expérimentant une fusion des différents genres qui l’ont bercés. C’est avec son album At What Cost ?, son meilleur LP à ce jour, que Goldlink va connaître le succès. Washington D.C. à beau être la capitale des Etats-Unis, la ville peine à trouver sa place comme lieu incontournable du rap. Bien moins étudiée que les sonorités de New York, Compton ou Atlanta, la ville est pourtant le berceau du Go-go ou du Punk Rock quelques décennies auparavant.


La narration n’est pas le plus grand point fort de Goldlink. Cependant, l’artiste dépeint fidèlement sa vie dans la capitale, servant sa mission de mettre D.C sur la carte. Le tout, raconté à la sauce DMV avec de l’argot local tel que “Talkin’ ‘bout kill moe” dans Herside Story. On est en 2017 et la trap continue de dominer le grand public avec Culture des Migos.


Les rappeurs qui se différencient livrent des albums plus personnels mais aussi plus pop que leurs précédents comme DAMN. De Kendrick ou Flower Boy de Tyler.


L’album prend une autre dimension avec sa production atypique. Goldlink met en valeur son bagage musical riche pour se démarquer des autres albums rap du moment. Première différence, les beats sont marqués par les rythmiques inspirées du Go-go de D.C. S’ajoute ensuite une vibe RnB sur plusieurs titres, notamment via la présence des voix de Steve Lacy, Brent Faiyaz ou encore Mya. On retrouve même une ambiance orchestrale digne d’un groupe gospel dans l’outro de The Parable of The Rich Man. Goldlink vient mélanger cet héritage aux codes actuels du rap en vogue et ces productions de trap comme sur le morceau Crew. Un titre qui finira par le propulser au centre de l’attention avec une nomination aux Grammy Awards dans la catégorie “Best Rap/Song Performance”.


At What Cost ? se positionne en porte-étendard de la culture de D.C.



Invitant de nombreux artistes originaires de DMV (D.C., Maryland et Virginie) : Wale, Lil Dude, Mya ou encore Brent Faiyaz. Pour infuser ses différentes d’inspirations, Goldlink s’est aussi rapproché d’un autre artiste accoutumé du fait : Kaytranada.  Leur collaboration, initiée quelques années auparavant sur le label HW&W Record, semble évidente. Sur cet album, Kaytra vient mélanger son style unique et le cahier des charges “D.C.” sur 3 morceaux : Have You Seen That Girl, Hands On Your Knees et Meditation.


Pour accompagner ce projet haut en couleurs, Goldlink nous offre un double vinyle bleu translucide tout aussi étincelant. La pochette vient prolonger l’esthétique de la cover avec une spécificité : elle se trouve sur la 4ème de couverture.


Avec ce projet, Goldlink répond à la question “Quel est le prix (at what cost) pour rayonner dans une scène sous-estimée ?”


La réponse est désormais évidente. En assumant son héritage, alliant tous les artistes importants de la scène et en décrivant avec honnêteté son rythme de vie. Encore aujourd’hui, At What Cost ? reste son album le plus reconnu dans une discographie qui s’est depuis enrichie. S’il n’est pas le premier rappeur à “vraiment mélanger les genres”, il réussit en tout cas l’exercice avec brio et va même retenter l’expérience 2 ans plus tard.



Après un COLORS pour nous faire patienter, c’est avec Diaspora que Goldlink est revenu en 2017. Accompagné notamment par les producteurs anglais P2J et Ari PenSmith, il nous emmène cette fois sur des sonorités caribéennes et afro. Conceptualisé entre Amsterdam et Londres, l’album se veut comme de la “black music”, héritage de tous les genres musicaux qui découlent de la culture africaine. Il a réalisé là-bas qu’il souhaitait plus faire de la musique seulement pour lui. Après avoir voulu mettre la lumière sur sa ville natale, Goldlink souhaite, sur ce qu’il considère comme son premier album, faire une musique universelle. Puisant dans un héritage plus large et ancien, comme le nom de l’album l’indique implicitement.


La production évolue encore. Venant mélanger rythmiques afro et RnB sur More avec Lola Rae, sonorités congolaise sur Zulu Screams et ambiance typiquement Dancehall sur Yard. Un projet encore très hétérogène dans les styles mais homogène dans sa qualité. On retrouve également des titres plus “classiques” comme l’excellent CokeWhite avec Pusha T. Malgré cet effort risqué au résultat réussi, l’album marque moins le grand public que le précédent. Les sonorités étaient peut-être moins spontanées et novatrices cette fois.



Diaspora aura lui aussi droit à son vinyle pour un résultat toujours aussi satisfaisant. Les couleurs vert, jaune et noir sélectionnées pour la cover rappellent celles de la Jamaïque et les vinyles jaune viennent rehausser ce beau portait.


Avec HARAM! en 2021, Goldlink arrêtera cependant d’innover avec un projet plus simpliste qui a été rapidement oublié, ne recevant même pas de traitement vinyle. Preuve que son innovation et la mise en avant de sa culture musicale riche est l’origine même de sa réussite. On relancera donc plutôt en boucle le vinyle de At What Cost? une véritable démonstration d’un hip-hop en transition.


Goldlink nous rappelle l’importance de mettre en avant son héritage culturel plutôt que de se fondre dans la masse.


Rédacteurs : Thomas (@TOGGZER) & Victor

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