📀 Outkast - Stankonia (2000)
Au-delà d'un album, Stankonia est une expérience unique, audacieuse et innovante comme il en existe trop peu à cette époque.
On ne présente plus André 3000 et Big Boi. Duo iconique de notre cher hip-hop qui remettait le couvert pour un 4ème album avec un objectif en tête: pousser l'expérimentation encore plus loin. Un projet clé dans un genre musical alors en pleine mutation.
L'histoire commence en 98 quand ils rachètent le studio de Bobby Brown dans lequel ils ont posés leurs premiers couplets. André 3000 créa un nom pour le studio. Mélange de stank (funky) et Plutonia (ville du turfu sur un poster de sa chambre d'ado): Stankonia est né.
Voulant sortir des sentiers battus et de l'aura de leurs précédents albums. Dré & Boi décident de nous amener dans leur univers fou rempli de sons psychédéliques, empreint d'une funk énergique contenant autant des samples de soul que des gros riff à la Jimmy Hendrix.
Souhaitant créer une expérience musicale loin du style de leur époque, le duo refuse d'écouter du rap pendant toute la durée de l'enregistrement, c'est dans la musique de Prince, Little Richard ou Parliament-Funkadelic qu'ils vont puiser leur inspiration.
On peut dire qu'avec un "Gasoline Dream", hymne à une Amérique en proie aux flammes, le ton est donné. S'attaquant aux différents maux de la société: drogues, racisme, jeunesse délaissée avec un Big Boi hors norme et un André s'enflammant à base de "burn motherfuckers".
On voyage alors sur Stankonia encore plus loin que les Skywalker en vitesse lumière. Une ambiance pimp des 80's nous donne le droit à un "So Fresh, So Clean" iconique sur une prod d'Organized Noize groovy à souhait.
Qui ne s'est jamais brisé les cordes vocales en criant "Sorry Ms. Jackson" sur l'un des refrains les plus iconiques du hip-hop ? Titre où André s'exprime à coeur ouvert sur sa culpabilité suite à sa séparation avec Erykah Badu qui venait de donner naissance à leur fils.
L'album est si riche qu'il se redécouvre différemment à chaque écoute. Si André a pu en rendre la composition complexe ne voulant plus forcément "que rapper", l'album se vit comme un film épique, fantastique, sexuel et spirituel qui se dévore avec un plaisir non-dissimulé.
L'écoute est forcément remplie de détails magiques. Du tour de force digne d'Hendrix sur l'hymne entrainante de "B.O.B" ou encore l'apparition d'un certain Killer Mike alors inconnu du grand public qui créera un autre duo mythique: Run The Jewels.
Une petite phrase balancée aux Source Awards 95 résonne dans nos oreilles tout au long de l'écoute de Stankonia: “THE SOUTH GOT SOMETHING TO SAY"
Des années plus tard, on confirme: le sud comme le monde entier a écouté ce qu'ils avaient à dire.
Le vinyle en édition VinylMePlease a reçu un traitement particulièrement soigné. Un pressage d'une qualité dingue grâce au mastering de Ryan Smith où les basses viennent d'un autre monde. Un son ultra dynamique sur un vinyle "Back & White Galaxy" dans un gatefold premium.
Pierre angulaire du hip-hop des années 2000, Stankonia est un classique qui ne connaît pas les affres du temps et qui restera à jamais au panthéon des albums ayant marqué un genre et poussé la créativité dans des contrées encore inexplorées.
Rédacteurs : Victor, Victor
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